Lancé en 1918, le Hood ne prit pas part aux combats de la Première Guerre mondiale. C'était le plus grand navire de la flotte britannique, voire du monde à une certaine période. Pour ces raisons de prestige, le navire passa une grande partie de l'entre-deux-guerres à rendre visite aux autres parties de l'empire britannique ou aux autres pays.
Cependant la faiblesse du navire résidait dans son blindage, insuffisamment épais, surtout sur le pont du navire. On craignait particulièrement les obus de gros calibres tombant à la verticale. Les amiraux en étaient conscients, mais le projet de refonte fut constamment reporté, faute d'argent, mais surtout de temps : le navire étant "l'ambassadeur" de la force navale britannique, il fut mobilisé par les parades, mais aussi les nombreuses crises présageant la guerre. En 1939, avec le déclenchement de la guerre contre l'Allemagne, l'idée de renforcement du blindage fut définitivement enterrée.
Au début du second conflit mondial, le Hood est transféré à la base navale de Scapa Flow, au nord de l'Écosse. Avec les autres bâtiments de la Home Fleet, il a pour zone d'action l'Atlantique nord. Il participe à l'attaque de la flotte française à Mers-el-Kébir en 1940.
Le 21 mai 1941, le cuirassé allemand Bismarck, ainsi que le croiseur de bataille Prinz Eugen, sont repérés à Bergen, en Norvège. Ils quittent le port en direction de l'Islande et risquent d'étouffer la Grande-Bretagne en menaçant les convois entre elle et les États-Unis. Le 22 mai, à 22 h 15, le Hood et le Prince of Wales quittent Scapa Flow pour aller à leur rencontre au détroit du Danemark. Le groupe naval est dirigé par l'amiral Holland. La direction du Bismarck est confirmée par deux croiseurs, le Norfolk et le Suffolk, qui le repèrent (au radar) au nord-est de l'Islande le 23 mai, et le suivent à distance.
La fin du Hood, dessin de J.C. Schmitz-Westerholt. Le Prince of Wales est au premier plan
Le lendemain 24 mai, à 5 h 05, à la sortie du détroit du Danemark, les deux flottes s'aperçoivent. La bataille est engagée à 5 h 52, à 60° 30 N, 38° O, à une distance de 25 km, se réduisant. Les quatre navires en présence encaissent chacun des coups sévères, mais personne ne semble emporter la décision. Les navires allemands deviennent pourtant de plus en plus précis dans leur tir, tandis que le navire amiral britannique, le Hood, souffre de nombreux problèmes techniques qui l'empêchent de tirer plus vite. A 5 h 57, la seconde salve du Prinz Eugen déchenche un incendie, à 6 h 00, un obus du Bismarck atteint le talon d'Achille du hood, au niveau de la soute à munitions insuffisemment protégée. Une formidable explosion retentit, avec une boule de feu haute de plusieurs centaines de mètres : le navire est cassé en deux et coule en quelques minutes[1]. On ne trouvera que trois survivants sur les 1419 hommes d'équipage.
Le Prince of Wales rompt le combat. Quant au Bismarck, dont une soute à mazout a été perforée, il est contraint de renoncer à ses raids dans l'Atlantique et doit regagner Brest. Commence alors une longue traque de la Royal Navy qui parvient à l'intercepter grâce aux avions de l'Ark Royal, permettant aux cuirassés King George V et Rodney de n'en faire qu'une bouchée.
Le Hood est vengé et la Royal Navy reste maîtresse de la mer du Nord et de l'Atlantique.
L'anéantissement du fleuron de la marine britannique en quelques secondes provoque une très vive émotion au Royaume-Uni. Le désir de revanche est très fort, et Churchill ordonne à ses amiraux : Sink the Bismarck ! (coulez le Bismarck !). Tout sera mis en œuvre pour laver cet affront, et couler le Bismarck qui sera achevé le 27 mai 1941 à peu près à 650 km à l'ouest de Brest.
Théories modernes sur le naufrage :
La cause exacte de la perte du HMS Hood demeure un sujet de débat. De multiples théories ont été avancées, dont plusieurs visent sans doute à ménager la fierté navale britannique résultant de la catastrophe en s'efforçant de minimiser la participation du Bismarck. Les principales théories peuvent être résumées comme suit.
Examen des théories :
Coup direct d'un obus pénétré dans le compartiment arrière [modifier]
Dessin produit par le Capitaine J.C. Leach, commandant le HMS Prince of Wales, devant la 2e Chambre d'enquête, en 1941. Le croquis représente la colonne de fumée ou les flammes qui ont éclaté à proximité du mât principal immédiatement avant l'énorme explosion qui anéantit à la vue la partie arrière du navire. Ce phénomène aurait été le résultat de la propagation d'un feu de cordite à travers les ventilateurs de la salle des machines (voir l'article).
Cet obus n'a pu provenir que du Bismarck, étant donné que le Prinz Eugen ne tirait plus sur le Hood au moment de l'explosion. Comme indiqué plus haut, cette version des faits était presque tenue pour acquise au moment du naufrage. Un premier doute est survenu à la suite de témoignages selon lesquels l'explosion qui a détruit le Hood a pris naissance près du mât principal, très en avant du compartiment arrière (par exemple l'esquisse, reproduite ici, produite devant la deuxième Chambre d'enquête par le Capitaine Leach, commandant le Prince of Wales). Devant cette deuxième Chambre, des témoins experts ont suggéré que ce qui a été observé était l'évent, par l'intermédiaire des ventilateurs de la salle des machines, d'une explosion ou déflagration violente - mais pas instantanée - dans les compartiments des soutes à munitions de 4 pouces (102 mm). La même déflagration aurait détruit la cloison séparant les soutes des obus de 4 pouces et de 15 pouces (102 mm et 381 mm), ce qui se traduisit très rapidement par une explosion catastrophique similaire à celles déjà constatées au Jutland[2]. Cette théorie a finalement été adoptée par la Chambre.
Un obus ayant fait long feu, continuant sa course sous l'eau, a frappé sous la ceinture blindée du navire et a pénétré dans une soute
Au cours de la même action, le Prince de Galles a reçu un coup de ce type à partir d'un obus de 380 mm, qui a couru sous l'eau sur une distance d'environ 80 pieds (25 m), qui a transpercé la coque à environ 28 pieds (8 m) au-dessous de la ligne de flottaison, est passé à travers des cloisons légères, a pénétré dans plusieurs cloisons et fini sa course, sans exploser, contre la cloison du magasin des torpilles. La deuxième Chambre a considéré cette théorie comme improbable, faisant valoir que le détonateur, s'il avait fonctionné, aurait fait exploser l'obus avant même qu'il eût atteint le navire.
Le navire a été détruit par l'explosion de ses propres torpillesSelon la théorie de Goodall, les torpilles du navire auraient pu exploser, soit par suite de l'incendie qui faisait rage sur le pont, soit, plus probablement, par une frappe directe du Bismarck. Cela aurait soufflé le côté du navire, séparant la poutre-maîtresse de la coque. L'eau entrant en force dans la brèche, à une vitesse de près de 30 noeuds, aurait alors cisaillé la section arrière du reste de la coque.
L'incendie survenu sur le pont a gagné l'une des soutes à munitions La preuve a été donnée à la deuxième Chambre que les portes d'accès des chariots d'approvisionnement en obus de 4 pouces (102 mm) étaient fermées pendant l'action. Il reste possible qu'une porte ou un coffrage ait été ouvert par un obus ennemi, laissant entrer les flammes dans la soute. Les flammes auraient pu également passer par les dispositifs de ventilation des soutes ou encore, comme l'a suggéré Ted Briggs, à travers le plancher des tourelles des pièces de 15 pouces (381 mm).
L'explosion a été initiée par des obus de 4 pouces (102 mm) entreposés à l'extérieur des soutes En 1979, l'historien de la marine Anthony Preston a fait valoir que les soutes du Hood « étaient entourées d'obus anti-aériens de 4 pouces (102 mm) entreposés en dehors des barbettes blindées (sic) »[3]. Ces arrimages non protégés pourraient avoir explosé par suite de l'incendie du pont ou après avoir été touchés par un obus du Bismarck.
Le navire a été détruit par ses propres armes Devant la deuxième Chambre, des témoins oculaires ont signalé les types inhabituels de décharge des pièces de 15 pouces (381 mm) du Hood, suggérant qu'un obus pourrait avoir explosé dans un canon, provoquant une explosion dans la tourelle. Il est possible que, dans le stress du combat, toutes les mesures de sécurité mises en place après les catastrophes du Jutland pour prévenir une telle explosion dans les soutes n'aient pu être appliquées.
Synthèse :
Jurens[4] donne un examen approfondi de chacune de ces théories (à l'exception de celle de Preston) : sa principale conclusion est que la perte du Hood a presque certainement été précipitée par l'explosion d'une soute d'obus de 4 pouces (102 mm), mais qu'il existe un certain nombre de causes différentes à cette explosion. L'image populaire de l'obus pénétrant le blindage du pont à la verticale est selon lui erronée : il estime que l'angle de chute des obus de 380 mm du Bismarck au moment de la perte n'aurait pas dépassé environ 14 degrés, un angle si défavorable à la pénétration d'un blindage horizontal qu'il est en fait hors des normes de pénétration de l'échelle des chartes de tir allemandes contemporaines. En outre, des images du Hood générées par ordinateur montrent qu'un obus tombant sous cet angle n'aurait pas pu atteindre une soute arrière sans d'abord passer par une partie de la ceinture blindée. D'autre part, le blindage de 12 pouces (305 mm) aurait pu être transpercé, si le Hood avait progressé suffisamment lors de son dernier tour.
Plus récemment, la découverte de l'épave du Hood a ouvert de nouvelles perspectives. L'inspection de l'épave a confirmé que la partie arrière des soutes a en effet explosé. L'arrière du Hood a pu être situé : les safrans étaient toujours en place, et il a été établi que ceux-ci étaient tournés vers bâbord au moment de l'explosion. En outre, une section de l'avant, immédiatement en avant d'une tourelle, est absente, ce qui a conduit l'historien et ancien chargé de cours au Britannia Royal Naval College de Dartmouth Eric J. Grove et le chef d'expédition David Mearns à penser que « soit juste avant, soit juste après avoir quitté la surface, l'avant a subi des dommages internes massifs dus à une explosion interne » [5], peut-être une explosion partielle des soutes de munitions de 15 pouces de la partie avant. Il a été suggéré que l'incendie mortel s'est propagé depuis l'extrémité arrière du navire à travers les réservoirs de carburant de tribord, étant donné que du côté tribord « apparaît manquer la plus grande partie, si ce n'est la totalité, du blindage renforcé anti-torpilles »[6].
Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/HMS_Hoodhttp://www.u-boote.fr/hood.htm